Yannick est un sculpteur de figurines. Il travaille depuis plus de dix ans pour des éditeurs dont la renommée n’est plus à faire (CMON, Studio McVey). A l’occasion de sa première campagne Kickstarter, Yannick a très gentiment accepté de répondre à quelques une de mes questions.

Pour une lecture plus agréable, les réponses de Yannick ont été partiellement éditées. 

Présentation

CFM : Salut Yannick, allons droit au but, quel age as-tu et depuis combien de temps es-tu sculpteur ? Est-ce que tu peints, est-ce que tu joues ?

YH : J’ai 45 ans, et je sculpte des figurines depuis une dizaine d’années. Non je ne peints plus depuis longtemps, tout mon temps passe dans la sculpture. Je ne joue plus non plus, mais je songe me remettre doucement au jeux de rôles.

Corvux the Shaman Lord (HATE)

CFM : As-tu fait une formation particulière (art, design, …) ?

Non, même si j’ai toujours dessiné. Je ne me souviens pas d’un cours où je n’aurais pas eu une feuille sur laquelle gribouiller. Par contre j’ai pris quelques cours du soir, en association, pour du modèle vivant.

CFM : Comment es-tu arrivé à travailler dans ce domaine ?

Une histoire folle : j’ai été pris chez Rackham en montrant sur un salon les conversions que j’avais faites. Ils m’ont formé, notamment sur les délicates contraintes du moulage. J’y suis resté trois ans.

La sculpture de figurine

CFM : Pour qui travailles-tu en ce moment, et sous quel status ?

Je suis déclaré en auto-entrepreneur, et je travaille pour différents éditeurs. Je ne suis pas censé en parler tant que ce n’est pas officiel, donc désolé mais je ne peux pas vraiment donner plus de détails !

CFM : OK, je comprends, dans ce cas, peux-tu nous dire pour qui tu as travaillé dans le passé ? 

En vrac, quelques exemples : j’ai collaboré à Infinity, Sedition Wars, HATE, Kingdom Death, Mythic Battles, ou encore la gamme Mierce Miniatures.

CFM : C’est un sacré parcours ! C’est impressionnant. Parmi tous ces projets, y a-t-il une sculpture dont tu es le plus fier ? Je sais que la question n’est pas simple, mais si tu devais retenir un modèle que tu as aimé sculpter, peut-être plus que les autres ?

YH : Je ne suis jamais fier de ce que je livre… Mais si je devais en choisir un… ce serait le Black Knight de Kingdom Death, peut-être…

Black Knight – Kingdom Death

CFM : A l’inverse, dans le cadre de ton métier de sculpteur, quelles sont les difficultés principales à surmonter ?

Il arrive que certains commanditaires aient des idées créatives pendant la sculpture. Et le problème c’est qu’ils n’ont pas les compétences en dessin pour les clarifier, et… c’est très dur à gérer.

Les modifications – même en digital – sont longues, surtout quand il faut refaire trois ou quatre fois parce que « C’est pas tout à fait ce que je voulais. »

Petit messages amical aux éditeurs : s’il vous plait, soyez sûr que tout ce que vous voulez est bien présent sur le dessin, ça vous coûtera toujours moins cher de payer le dessinateur que de payer les modifications chez le sculpteur.

La sculpture 3D

CFM : Presque tous les projets Kickstarter proposent des figurines modélisées en 3D, et j’ai vu que ta première campagne est également une figurine modélisée ainsi. Peux-tu nous expliquer les différences principales entre la sculpture traditionnelle, et la 3D ?

YH : Faut d’abord s’y mettre… Le digital, c’est surtout des logiques de programmeur, au début ça fait vraiment mal à la tête. Après c’est un contrôle beaucoup plus grand sur la sculpture. La dextérité ne compte plus. Par contre, il faut être plus stratège, bien planifier les tâches. Je commence à prendre du plaisir, mais ça m’a pris du temps pour en arriver là.

Pour les éditeurs, c’est plus rapide (sauf ma remarque précédente sur les modifications), et les fichiers, et bien ça ne risque pas de casser lors de l’envoi, contrairement au fimo !

CFM : Est-ce que la 3D va devenir « un must » pour l’industrie à ton avis ?

YH : Les coûts d’impression ne la destine pas à tout les projets (200 euros environ pour une figouze), mais pour la prod plastique, c’est mieux. Là encore les Kickstarters ont vraiment changé la donne.

CFM : Toi qui maitrise les deux méthodes, as-tu une préférence ? Vas-tu abandonner la sculpture traditionnelle définitivement ?

Non, on me demande encore du traditionnel. Mais je préfère le digital maintenant. Faire un visage en 33 mm tradi reste toujours un défi, en digital la taille n’est plus une limite.

CFM : la sculpture 3D apporte-t-elle un plus, permet-elle de réaliser des figurines impossibles autrement ?

Non, en fait c’est l’inverse !

Les impressions 3D et la prod plastique imposent des limites drastiques, en matière de finesse. Une figurine en traditionnel copiée en résine permet pour l’instant beaucoup plus de choses. C’est surement voué à évoluer.

Il y a énormément de nouveaux problèmes avec la sculpture en 3D en fin de compte, principalement d’intégrité du maillage, de taille de fichier (la définition en nombre de polygones), des aberrations lors du passage d’un format de fichier à un autre…C’est beaucoup plus technique en fait. Il s’agit de combiner des contraintes supplémentaires à celles – déjà existantes – du moulage.

Merci Yannick d’avoir répondu à Colorfulminis, et bonne chance pour ta campagne !

Vous pouvez retrouver Yannick sur sa page Facebook.