Pour ce vingtième article du calendrier de l’avent 2017, MrK continue sa série de master class, cette fois-ci avec le traitement – oh combien délicat – du blanc.

Est-il possible de résoudre cette grande question existentielle :

POURQUOI LE BLANC EST PÉNIBLE À PEINDRE?

Je parle du blanc, mais cela est valable pour toutes les couleurs très claires qui en contiennent.
Houla, j’ai dit « couleur » et c’est déjà une erreur…

Le blanc, une non-couleur

Alors oui, le blanc peut être considéré comme une couleur, on parlera de drap blanc, de voiture blanche ou de Blanchett pour une actrice.

Et pourtant, comme le noir, le blanc n’est pas une couleur, il n’est pas visible dans l’arc en ciel qui est, pour rappel, l’observation des couleurs contenues dans la lumière blanche, suite à sa décomposition.

Le blanc n’est même qu’un concept, ou plutôt, une propriété physique : c’est un matériau qui renvoie la totalité de la lumière ; le noir, à l’inverse, absorbe toute cette lumière.

Vous avez déjà surement dû le vérifier l’été, nous avons plus chaud en tee-shirt noir (qui absorbe toute l’énergie) qu’en blanc (qui renvoie le tout).

Bien, le blanc n’existe pas, à tel point que notre source de lumière, le soleil, est en fait plutôt jaune et ce ne sont que nos yeux sous-développés qui traduisent les fortes lumières en blanc.

Mise en pratique, comment peindre le blanc ?

Commençons par un premier test

Le protocole est le suivant :

  • Peinture Vallejo White
  • Je peins la moitié d’une épaule en blanc
  • Je rince mon pinceau et je cherche à fondre pour former un dégradé

Ok, c’est la catastrophe !!

Les pigments se décrochent et disparaissent, il ne reste plus que ceux du bord qui, malgré un temps très court, sont déjà collés et immuables.
Inutile de préciser qu’à ce stade on re-couche en noir et on recommence.

Deuxième essai

Protocole :

  • Peinture Vallejo White + medium winsor et newton
  • Je dilue fortement afin d’obtenir un glaze très peu chargé.
  • Je vais faire plusieurs passes avec temps de séchage entre chaque.

La vidéo est accélérée x2.

C’est un peu mieux, cependant, les pigments bien trop peu nombreux ne couvrent pas totalement la surface et cela donne l’aspect de petits points blancs clairsemés.
De plus, il faut un nombre astronomique de passages pour observer un changement de teinte.

Mais alors que se passe-t-il avec cette non-couleur ?

Vous connaissez surement l’area 51, Roswell, l’assassinat de Kennedy, le 11 septembre, … C’est bien, comme pour le blanc, la théorie de complot qui est derrière tout cela !

Soit ça, soit une conséquence directe du préambule théorique.

Considérant que le blanc est une exagération d’intensité de lumière, il n’y a donc aucun compromis, les pigments sont ultra opaques, pas vraiment de transparence possible.

Alors, utilisé en glacis (très dilué) on peut obtenir des nuances, mais l’aspect petits points de pigment et le nombre de couches à appliquer me rebute.

L’autre souci est que le blanc n’est pas une couleur et se trouve à une extrémité de notre gamme. Le blanc défini la lumière, son utilisation est donc bien souvent un dégradé couleur blanc et doit donc être enrichi par des couleurs intermédiaires.

Les pigments n’étant pas translucides ils apparaissent forcément plus

Ok, mais c’est pareil pour le noir ?

Pas tout à fait, les zones sombres sont moins enrichies, les dégradés sombres sur couleur sont plus faciles à exécuter et sont plus courts. De plus les défauts sont toujours moins visibles dans l’ombre que dans la lumière.

Vous l’aurez compris, la théorie du complot est bien plus plausible.

Un début de solution…

Après avoir fait le tour des nombreuses gammes de peinture, avoir joué sur les différentes nuances : âgé, cassé, ivoire, vieilli, sale… je me suis intéressé à la peinture utilisée par Ben Komets (le peintre de la chaîne Painting Buddha) : PRIMAcryl Schmincke titanium white.

Déjà le tube est classe, le ratio quantité / prix place un pot Citadel au prix de la truffe et il y a écrit « Artist » et c’est toujours bon pour nos chevilles…

Dans son utilisation c’est également formidable !
Les pigments sont plus fins, plus nombreux, le médium est beaucoup plus sophistiqué, plus lent au séchage, plus malléable.

C’est de la crème, au sens propre et figuré.

 

Nouveau test sur le trapèze gauche en utilisant la PRIMacryl.

Je fais un premier passage puis je reviens, comme sur l’épaule droite, avec un pinceau propre.
Vous noterez que cette fois je peux retravailler l’ensemble à ma convenance et que la finesse des pigments donne un voile très uniforme.

 

Pour continuer, une série de passages de ce même blanc avec temps de séchage entre chaque passe.
La couvrance est excellente, même en glacis.

La vidéo est accélérée x2

Pour ce dernier exemple, j’utilise la méthode de chargement du pinceau avec couleur de base (Resurrection flesh – Scale 75) et pointe de blanc au bout du pinceau (plus petit qu’une tête d’épingle).

Note de Dice : cette technique assez peu connue est fréquemment utilisée par Ben sur les vidéos de Painting Buddha. Il nomme cette technique : le « loaded brush », soit « le pinceau chargé ». Cela permet de réaliser des dégradés presque instantanés en se basant sur les principes de la peinture dans le frais.

Vous noterez qu’à 1′:30 je charge trop mon pinceau en blanc et je suis obligé de le décharger sur d’autres parties.

J’ai également testé la gamme Sennelier qui a un comportement assez similaire, bonne durée d’application, mais moins fin.
Je testerai un peu plus tard l’huile, cela fera l’objet d’un nouvel article.

Il ne vous reste plus qu’à tester !