La peinture de figurines, on l’oublie parfois, c’est avant tout… de la peinture. Quoi de mieux que de s’inspirer des grands maîtres pour chercher à s’améliorer, ou tout simplement, élargir notre approche ?

Il y a en ce moment une exposition sur El Greco au Grand Palais à Paris, j’y suis allé ce weekend et je dois dire que j’ai pris une belle claque sur l’art et la manière de manier le contraste.

Ombres et lumières sont les maîtres mots de ce peintre du XVIe siècle, originaire de Grèce (d’où le surnom) et qui a ensuite vécu en Italie et en Espagne.

La plupart de ses commandes étaient pour des églises (comme tous ses contemporains) mais son originalité réside dans son utilisation du contraste extrême (et de la manière dont il peint la nuit et le ciel).

Quelques exemples valent mieux que mille mots.

Ombres et lumières, l’art du contraste

L’élément récurrent dans le traitement des couleurs d’El Greco est l’utilisation d’un contraste très poussé, allant du noir dans les ombres les plus profondes au blanc pur sur les parties les plus exposées, et ce, quel que soit la couleur dominante du sujet.

Il applique ce traitement sur les personnages clé de ses composition, ce qui leur donne une puissance dramatique décuplée. Ici par exemple, la toge du cardinal nous apparait presque brillante tellement ses lumières tirent vers le blanc.

La clef pour réussir ce genre d’effet, tout comme lors du traitement d’un NMM, réside dans la finesse du dégradé : si le blanc est posé trop rapidement, ou avec une texture trop opaque, il apparaitra pâteux, et donnera l’impression d’une tâche de peinture plutôt qu’un reflet de lumière.

Cardinal Fernando Niño de Guevara (1541–1609). Photo: The Metropolitan Museum of Art (New York), HO Havemeyer Collection

Sur l’exemple ci-dessous, le contraste sert à la fois à mettre en valeur le sujet (notez ici encore le traitement de la lumière et des ombres sur la toge rose saumon), mais aussi à rendre une atmosphère nocturne, notamment par la manière dont le ciel est rendu.

Saint Jean l'évangeliste (El Greco)
Saint Jean l’évangéliste (Musée del Prado, Madrid)

Comment s’essayer à cette technique sur les figurines ?

Pour pousser le contraste aussi loin sur nos figurines, nous avons besoin… de patience.

En effet, on pourrait avoir tendance à se dire qu’un lavis d’une shade suffira à créer un tel contraste, mais c’est faux : le lavis va unifier les teintes, et même s’il se déposera plus dans les creux, et accentuera nos ombres, il donnera à l’ensemble de la surface traitée une teinte voisine. En fait, un lavis d’ombrage diminue le contraste.

Nous voulons l’effet opposé. Il faut donc traiter les ombres et les lumières « à la main » pour obtenir ce type de rendu. L’approche qui me semble la plus pratique est la suivante :

  • Peindre toute la surface à traiter avec la couleur dominante (appliquer deux ou trois couches fines successives, pour obtenir une teinte bien opaque et uniforme, on ne doit plus voir la sous-couche)
  • Avec un mélange teinte de base + noir (ou marron), appliquer des lavis dilué dans les creux, et marquer ainsi les ombres progressivement.
  • Répéter l’opération avec un noir pur très dilué dans les ombres les plus profondes.
  • Avec un blanc cassé (Nacar SC2 chez Scale75) mélangé à la teinte de base, traiter les reliefs en lavis successifs.
  • Enfin, avec du blanc cassé, puis du blanc pur, appliquer de très fines couches de lavis dilués sur les arrêtes les plus saillantes.

Il s’agit avant tout de pratique, et d’expérimentations, alors lancez-vous !

Quelle peinture utiliser ?

Par ailleurs, un élément très important pour réussir ce type d’effet est la peinture que vous utilisez. Votre peinture blanche doit être très translucide.

Oubliez donc la gamme Citadel, trop couvrante pour nos besoins : il vous sera très difficile de réaliser des filtres avec leur blanc. Par ailleurs il a tendance a très mal vieillir et finit systématiquement en pâte informe dans le fond de son pot.

J’ai eu l’occasion de tester récemment la gamme Scale 75, et notamment leur blanc White SC1. La texture est bien plus huileuse que celle de Citadel et est idéale pour appliquer de très légers filtres translucides de blanc sur une couleur sans amener l’aspect pâteux.

C’est une gamme parfaite pour s’essayer au contraste extrême, et donc, au NMM, mais c’est une autre histoire…